Beaucoup d'étudiants, au cours de ces derniers mois, m’ont indiqué rencontrer des difficultés du fait de leur scolarité à distance, ou "en distanciel" en partie ou en totalité. Des professeurs en Sorbonne ont effectué en décembre 2020 un recours devant le Conseil d'État afin de reprendre les cours en présentiel au plus tôt. Le Conseil d’Etat a reconnu qu’il existe des «effets psychologiques et sociaux d’un enseignement entièrement à distance sur les étudiants». Il existe bien de réelles préoccupations dans ce domaine.
Bonnes pratiques pour étudiants ou stagiaires en cours à distance
Des solutions ont été proposés jusqu’à présent pour les professionnels, et les enseignants, sur des sites spécialisés. Peu de solutions concrètes, à ma connaissance, ont été destinées et communiquées directement aux étudiants ou stagiaires. Je souhaite donc pouvoir ici aider à mieux tirer parti des séances d'enseignements à distance.
En pratique, lors de mes cours ou suite aux échanges avec mes étudiants, j'ai constaté qu’il existe des solutions simples pour améliorer l’expérience à la fois pour les étudiants, le professeur et l'ensemble des classes à distance ainsi formées.
1) Adapter son matériel lié à informatique et/ ou à la vision
a. Des solutions informatiques adaptées
- Le RJ45 ou câble Ethernet
Une première difficulté réelle réside dans le fait que la liaison internet pour assister aux cours à distance n'est pas toujours stable, ni égale. Le wifi dans les appartements, dans les maisons, et encore plus dans les immeubles collectifs, peut varier selon les plages horaires de la journée. Il en découle des difficultés à la fois à entendre les échanges, parfois à voir les supports affichés à l'écran.
Une solution peut alors être de choisir de relier son ordinateur à un câble RJ45 ou Ethernet. C'est un câble informatique à relier d'un côté à la box de son prestataire internet, de l'autre côté à son ordinateur avec une prise dédiée. La liaison internet devient alors souvent plus stable sur l'ordinateur, avec un meilleur débit.
- Passer à la fibre
Certaines installations Internet sont encore sous Adsl. Utiliser la fibre peut, comme dans le cas de mon installation maison, multiplier par 20 ou plus les performances obtenues en débit ascendant ou descendant, ce qui est considérable.
b) Les solutions liées à la vision
Les écrans d'ordinateur provoquent une fatigue importante, du fait de la concentration et des efforts de vision qu’ils imposent, des heures ou des journées entières. Lorsque cela est possible, une première solution peut à alors consister à utiliser un écran plus grand, ou à agrandir les polices des textes à l’écran.
Une autre solution peut consister, pour les personnes qui portent des lunettes, dans le fait de porter des verres spécialement adaptés à la vision à mi-distance. Ainsi, une personne myope peut voir de près, et voit de loin après correction. Adopter des lunettes spécialement créées pour la vision à mi-distance peut dans ce cas constituer une très bonne solution. C’est mon cas depuis peu, et cela a radicalement réduit la sensation de fatigue à la suite des cours à distance.
2) Chercher à mieux connaître, à maîtriser et utiliser les outils de travail à distance
a) L’utilisation d’outils comme Teams, Skype ou Zoom
Teams, Skype, Zoom, Blackboard ou d'autres logiciels de ce type permettent de multiples manipulations. Ils permettent par exemple de partager les documents avec l'ensemble du groupe, d’utiliser un tableau blanc, de lever la main, de s’exprimer oralement, d’apparaître visuellement avec une caméra. Ils permettent parfois de prendre le contrôle sur ce qui va être affiché à l'écran pour l'ensemble du groupe, ou de diviser le groupe constituté par la classe en plusieurs sous-groupes..
Les étudiants doivent se familiariser avec les différentes fonctionnalités de ces outils. Cela permet par exemple d'avoir un support visuel lors d'une présentation, et de rendre l'ensemble de la présentation beaucoup plus vivante.
Prendre l'habitude d'utiliser ces outils de façon active constitue une façon d’animer les séances, de les rendre plus interactives et de mieux partager ses idées et son travail. Cela constitue aussi une aide pour la pratique ultérieure en entreprise. Beaucoup d’étudiants en apprentissage que je peux suivre travaillent aussi à distance en entreprise et utilisent souvent les mêmes outils.
b) L’aide apportée par des outils comme Google Docs ou Word
Google docs est un outil gratuit en ligne, avec une fonctionnalité intéressante, la reconnaissance ou la saisie vocale. Lorsqu'un enseignant s'exprime à distance, un étudiant peut allumer Google doc avec saisie vocale sur son ordinateur pour l’aider à prendre en note le cours. De même, l'enseignant peut lui-même allumer son google doc avec reconnaissance vocale et l'afficher sur son écran. D'autres outils comme le logiciel de traitement de texte Word proposent le même type de fonctionnalités de reconnaissance vocale.
La qualité de la reconnaissance est aujourd'hui tout à fait acceptable. Cela peut constituer une aide réelle pour les étudiants, lorsque par exemple la qualité de la liaison internet n’est pas excellente.
3) Allumer sa caméra
a) L’intérêt d’allumer sa caméra
Un cours implique un échange entre enseignants et professeur, mais aussi entre étudiants entre eux. Le fait de voir les étudiants physiquement, d'assister à leurs réactions, permet de recréer un contexte proche de celui d'une classe physique. Cela est vrai dans le contact avec les professeurs comme entre étudiants.
Il peut donc d’abord être bénéfique d'allumer sa caméra pour assister au cours via Teams, Zoom, Skype ou autre système à distance. Il faut alors que la bande passante soit suffisante. Mais lorsque c'est le cas, l'interactivité entre l'enseignant et les étudiants est beaucoup plus facile à trouver.
Or, beaucoup d’étudiants n’allument pas spontanément leur caméra. Accepter de le réaliser change l'expérience de transmission dans les deux sens, et aide à rendre la séance plus interactive. Si le cadre de vie derrière l'étudiant n'est pas idéal, il est souvent possible de le flouter ou d'indiquer des fonds d'écrans types.
b) Le recours possible à un smartphone ou une tablette
Un smartphone peut être utilisé en complément de l’ordinateur, par exemple lorsque le micro ou le caméra de l’ordinateur ne fonctionnement pas. Teams, Skype ou Zoom fonctionnent très bien sur un smartphone. Le smartphone peut remplacer ou compléter un ordinateur défaillant, au moins de façon ponctuelle, et parfois permettre de se connecter à la session, lorsque l’ordinateur est récalcitrant. Le smartphone peut en effet fonctionner de façon indépendante du wifi du lieu de travail ou du domicile. Une tablette constituer une autre solution envisageable.
4) Ne pas hésiter à prendre la parole
Pendant les cours à distance, les étudiants peuvent se montrer réservés et hésiter à prendre la parole, et ainsi à se mettre en avant pour apporter des réponses. Une certaine réserve, classique lors des cours en présentiel, peut alors être renforcée par l’utilisation des outils à distance.
Or, des tests ont montré que les épreuves et les examens à la fin d’un cours sont bien mieux réussis lorsqu'il existe une vraie interactivité pendant le cours. Que les étudiants interviennent, participent au sein de cours, sous une forme ou sous une autre est donc plus que bénéfique pour l'ensemble du groupe. La prise de parole peut porter sur une question, sur une précision apportée dans un domaine.
Les étudiants peuvent ainsi lever la main, lorsque des logiciels comme Teams le permettent, ou ouvrir leur micro pour demander la parole à l’enseignant. Dans ce cas, il ne faut pas oublier d'éteindre le micro après la prise de parole.
La conversation par “chat” ou dans la partie “conversation” des logiciels comme Teams ou Skype constitue aussi une bonne possibilité, en complément des échanges par micro, ou lorsque l'échange par micro n'est pas possible.
En définitive, ces interventions permettent de contribuer à recréer l'ambiance d’une vraie classe. Et prendre l'habitude, avec bienveillance, d'apprécier les interventions d'autres étudiants, de les compléter ou les enrichir constitue un bon apprentissage par ce que les spécialistes appellent "la pairagogie", l'apprentissage entre pairs.
5) Accepter une notion du temps différente lors d'enseignements à la distance
Les cours à distance à distance obligent à apprendre à gérer le temps différemment. Ainsi, lorsqu’une question est posée à distance par un enseignant, il n’est pas anormal que la réponse ne soit pas toujours immédiate. Les étudiants disposent ainsi d’un laps de temps pour concevoir et formaliser leurs réponses.
De plus, l’attention des étudiants est souvent limitée dans le temps. Dans les premières années d'études supérieures, l’attention des étudiants chute souvent au bout de 10 ou 15 minutes. Dans les cours à distance, même avec des étudiants plus avancés, il est normal de réaliser une pause toutes les 50 minutes ou toutes les heures au maximum.
6) Se créer un nouveau cadre de vie et gérer son emploi du temps
Suivre des cours en présentiel signifie se lever le matin, prendre les transports, rencontrer ses camarades, échanger avec eux avant d'entrer en cours. Tous ces actes n'existent plus sous cette forme dans l'enseignement à distance.
Il n’est donc pas impossible que les étudiants, le matin, se lèvent au tout dernier moment avant les cours, par exemple un quart d'heure avant, parfois moins encore. L'absence de contraintes liées au fait d'aller en cours physiquement est en effet perçu par certains comme un avantage lié au contexte actuel. Un étudiant vit seul, loin de sa famille, a souvent plus de mal encore à éviter ce type de réaction.
Or, le contexte actuel peut accentuer le sentiment de manque de repères, d’être déboussolé du fait de ne pas disposer d’un cadre de vie et de travail adapté.
Donc à l'inverse, créer un nouveau cadre de vie et de travail peut amener à un sentiment de mieux maîtriser son environnement.
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